Glaris Suisse

Randonnée audacieuse au Limmernsee

La Suisse regorge de sentiers de randonnée époustouflants qui mènent à des destinations à couper le souffle. La plupart d’entre eux sont déjà bien connus (Grosse Mythen, Augstmatthorn, etc), mais il existe encore de véritables trésors cachés (comme la Tine de Conflens). La randonnée du Limmernsee, que je vous présente aujourd’hui, est l’une d’entre elles, cachée dans le canton de Glaris.

C’est un canton encore méconnu, mais qui mérite qu’on le visite, notamment parce qu’il possède de majestueuses montagnes qui se nomment les Alpes Glaronaises. Et où des pépites émergent, telles que la randonnée du Limmernsee, qui me faisait de l’œil depuis quelque temps (merci Instagram !).

Situé dans le Haut lieu tectonique suisse Sardona, qui est un site naturel inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2008, le Limmernsee, ou Limmerensee, est un lac de montagne calé au centre de magnifiques montagnes donnant un aspect de fjord. Que demander de plus pour une randonnée, riche en péripéties physiques et visuelles. Plein les yeux et les mollets furent les maîtres mots pour définir mon temps au Limmernsee.

Les informations étant difficiles à obtenir sur internet concernant cette randonnée, ou parfois peu réelles face à ce que nous avons vécu. Vous trouverez dans cet article tous les renseignements nécessaires pour découvrir le chemin de randonnée du Limmernsee.

Informations essentielles avant le départ

Premièrement, voici quelques points importants à comprendre. Nous voulions initialement bivouaquer au sommet. Cependant, le temps étant brumeux et pluvieux, nous avons préféré entreprendre cette randonnée sur une journée (bien nous en pris de le faire, récit ci-dessous). Dans mon quotidien, j’utilise Météo Suisse pour obtenir des prévisions météorologiques précises. Pour cette randonnée, afin d’avoir une estimation de la météo, nous avons choisi le sommet du Bifertenstock (3’419 m) comme sommet de référence.

Pour informations, en Suisse, le camping sauvage est généralement autorisé, sauf dans les circonstances suivantes, selon le Club Alpin Suisse :

  • Dans le parc national suisse (qui est situé dans le sud-est de la Suisse)
  • Dans les réserves naturelles en général
  • En dessous de la limite des arbres
  • Dans les zones d’interdiction de chasse (en allemand : Jagdbanngebiete)
  • Dans les zones de tranquillité (pendant les périodes de protection)

Il existe d’autres exemples où le camping sauvage n’est pas autorisé en Suisse. Toutefois, les règles sont légèrement différentes selon les cantons ou les communes.

En parlant du Club Alpin Suisse, il existe la cabane de montagne nommée Muttseehütte qui se trouve au milieu de la randonnée. Je vous en parlerai ci-dessous, mais c’est une alternative au bivouac si vous réalisez la marche sur deux jours.

Point de départ de la randonnée

Le point de départ de la marche n’est pas des plus idéal, se trouvant dans les tréfonds du Linthal, à la station de vallée Luftseilbahn Tierfehd qui se trouve à 805 mètres. Depuis le village de Linthal, une route bien goudronnée vous emmènera à ce point de départ. Un hôtel a même été installé à côté de la station de départ. Si vous venez en transport en commun, il vous faudra marcher depuis la gare de Linthal. En effet, Tierfehd n’est desservi par aucun bus (environ 6 km pour rejoindre la station de départ).

Carte des environs de la marche

Le téléphérique est entièrement automatisé et en libre-service pendant les heures d’ouverture, ce qui nous dérouta un petit peu au début. En effet, il vous suffit de parquer la voiture sur le parking gratuit à disposition puis de vous diriger vers la borne afin de prendre un ticket. Celle-ci vous laissera par la suite passer le tourniquet et entrer dans une des deux cabines qui se trouve au point de départ.

Le prix du billet est de 15 CHF (relativement peu cher pour la Suisse), aller-retour pour une personne adulte et de 10 CHF pour un enfant. À moins que vous ne vouliez vraiment avoir les genoux ou les mollets en feu, je vous conseille de prendre le téléphérique pour rejoindre la station de montagne de Chalchtrittli, qui se situe à 1’860 m.

Alors oui, pour seulement 15 CHF, vous pourrez vous épargner un dénivelé de 1’000m et plusieurs heures de marche. Pour être honnête, et ce n’est pas parce que nous finîmes la randonnée sous une pluie torrentielle, mais je ne pouvais plus avancer lorsque nous arrivâmes à Chalchtrittli et je ne me voyais pas encore crapahuter 4 heures (selon la signalétique officielle) jusqu’à Tierfehd. Alors que la durée du trajet en télécabine est seulement d’environ 7,5 minutes.

Il est important de savoir que la station de téléphérique ferme pour la pause de midi entre 12h00 et 13h30, vous ne pouvez donc pas monter pendant ces heures. Pour vérifier les horaires, vous pouvez cliquer ici.

La randonnée du Limmernsee

J’ai divisé cette randonnée en 3 étapes.

En noir, ce sont les indications émises par la signalétique sur le temps nécessaire pour rejoindre les diverses étapes, et en rouge, il s’agit du temps approximatif qu’il nous a fallu pour les parcourir. Le temps en gras comprend tous nos petits stops pour, soit reprendre notre respiration, prendre des photos (tous les 10 m presque), admirer les animaux sauvages ou encore pour grignoter quelque chose. Cela peut expliquer pourquoi il nous a fallu plus de 6:00 pour faire la randonnée au lieu des 4 indiquées.

  • Station de montagne de Chalchtrittli – rive du Limmernsee (via le tunnel) : 30 min. – 30 min

  • Rive du Limmernsee – Muttseehütte : 2h – 3h

  • Muttseehütte – station de montagne de Chalchtrittli: 1h30 – 2h50

Voici le récit de nos péripéties. Il faut également savoir que la marche peut se faire dans les deux sens, en effet, deux chemins officiels mènent à Muttseehütte SAC. Nous avions décidé de commencer par le tunnel, au vu de la situation météorologique, qui, vers 9:30 du matin, était plutôt pluvieuse. De toute manière, nous voulions randonner sur les deux chemins afin de faire cette randonnée en boucle.

Lien Komoot : https://www.komoot.de/tour/46214749?utm_campaign=tour_embed&utm_medium=embed

Station de montagne de Chalchtrittli – rive du Limmernsee (via le tunnel)

Complètement insolite de commencer une randonnée d’une telle manière, mais depuis la station de montagne, un sentier de randonnée balisé mène au lac de Limmeren en passant par le tunnel de la centrale électrique (environ 3 km).

Nous retrouvâmes les habituels panneaux jaunes de randonnée, qui indiquaient une porte. Étrange et sinistre sont les deux adjectifs qui me vinrent directement à l’esprit, surtout quand nous comprîmes que nous devions enfiler un gilet de sécurité orange. Où est-ce que j’avais encore réussi à nous entraîner ?

Nous enfilâmes notre k-way du fait de l’humidité du tunnel, et bien que cela aille de soi, lors d’une randonnée, il vous faut porter de bonnes chaussures de randonnée, car le tunnel comporte également de nombreuses grandes flaques d’eau.

Complètement à plat, ce début de randonnée peut paraître un peu monotone si on ne pense pas au fait qu’on se trouve au milieu d’une montagne (ou que l’on fait des bruits à la recherche d’autres êtres humains, et oui, vous en croiserez qui travaillent). L’impression d’être dans une scène tirée d’un film d’horreur se matérialisa, notamment lorsque nous entendîmes un bruit suspect qui se rapprochait. Ce n’était en finalité qu’une voiture d’un ouvrier (d’ailleurs, comment sont-elles arrivées là est également tout un mystère pour nous, n’ayant remarqué aucune route).

Le tunnel fait 2’750 m de long, ce qui nous laissa le temps d’appréhender la suite de la randonnée, notamment au niveau de trouver des toilettes. Heureusement, vous en trouverez à la fin du tunnel, comme quoi l’expression voir la lumière au bout du tunnel prit réellement sens à cet instant.

Depuis le tunnel, vous pouvez faire un petit détour pour voir le barrage. Il vous faudra simplement suivre le panneau Zur Staumauer (littéralement : vers le barrage). Nous ne fîmes pas ce détour, trop occupées à chercher des toilettes.

Après une petite trentaine de minutes, nous sortîmes du tunnel, sur les rives du Limmernsee. Un paysage déjà époustouflant. Rien qu’en se posant cinq minutes afin d’admirer le paysage, je ne peux contenir mon excitation de grimper la montagne qui se trouve derrière moi et qui promet une vue encore plus merveilleuse sur le lac qui se trouve à mes pieds.

Le lac a été « construit » par le barrage, qui alimente la centrale hydro-électrique. Selon la hauteur de perception et surtout selon la météo, il peut être d’un bleu gris lorsqu’il est à l’ombre ou d’un vert jade lorsque le soleil l’éclaire. Mille facettes que nous découvrirons plutôt sous un temps pluvieux.

Rive du Limmernsee – Muttseehütte

À partir des rives du lac, nous commençâmes à grimper gentiment vers la cabane de Muttsee. En soi la randonnée n’est pas très difficile ni technique, mais nous fûmes contentes de réaliser dans ce sens la marche, le dénivelé se faisant parfois bien ressentir. En effet, il s’agit d’une montée assez intimidante qui grimpe tout droit dès le départ sans beaucoup de pause, à plat.

La notion du temps nous échappa ne sachant pas où spécifiquement la cabane se trouvait. Seule une indication à la sortie du tunnel indique environ 2h de grimpettes. Il nous fallut ensuite suivre les traces officielles indiquées en rouge et blanc directement sur des rochers. Notre point de repère était le lac, que nous laissions gentiment derrière nous, mais dont je ne cessais de regarder en arrière, puisque de superbes points de vue se dévoilaient plus nous montions.

Nous trouvâmes quelques courts passages un peu plus techniques, sécurisés par des petites chaînes pour aider le randonneur et la randonneuse. Nous échappions à ce moment encore à la pluie, mais les nuages noirs menaçaient à l’horizon ce qui ne laissait rien de bon à présager. Notre objectif, à ce moment, était d’atteindre la Muttseehütte avant la pluie.

Toutefois, nous perdîmes un peu de temps puisque la magie des randonnées en montagne nous permit d’apercevoir de nombreux animaux, tels que des marmottes, des bouquetins et des chamois. Or, bien que n’étant pas directement sur le sentier officiel, gardez un œil alerte sur la faune qui vous entoure ainsi que sur les falaises environnantes.

Nous arrivâmes ensuite enfin à nouveau vers des panneaux jaunes indiquant sur la droite la Muttseehütte et sur la gauche, le point de vue « officiel » sur le Limmernsee au sommet du Muttenchopf (2’482 m). Pour le rejoindre, une petite dizaine de minutes est nécessaire tout comme le fait de braver un vent fort et bruyant. Une fraîcheur toutefois bienvenue après l’exercice de grimpette qui nous avait réchauffées. Croyez-moi, la vue fait que les souffles et les halètements en valaient la peine !

En quelques minutes, la lumière peut changer tout comme la couleur du lac. Cet effet de fjord est assurément à couper le souffle. Outre le Limmernsee qui resplendit, le paysage aux alentours rayonne de sommets, de glaciers et enfin nous apercevions la Muttseehütte, trônant fièrement sur un petit plateau quelques centaines de mètres au loin.

Muttseehütte – station de montagne de Chalchtrittli

Nous rejoignîmes enfin la Muttseehütte. Située sur le col du Kistenpass, elle prend son nom du lac Muttsee. Elle est la propriété de la section SAC de Winterthur et un point d’appui pour le sentier de grande randonnée Via Glaralpina. Le principal point d’intérêt est un barrage nouvellement construit. Avec ses 1’054 mètres, le barrage est le plus long de Suisse et, à environ 2’500 mètres au-dessus du niveau de la mer, le plus haut d’Europe.

Si vous souhaitez passer la nuit au refuge, il vous faudra réserver en ligne. Le site internet donne d’ailleurs toutes les informations nécessaires (demi-pension, prix, etc.).

Une petite pluie fine commença à se faire ressentir lorsque nous nous informions sur le lac de Muttsee, ce qui nous fit prendre le chemin vers Chalchtrittli. Ce tracé promettait de magnifiques points de vue, à flanc de montagne et passant par diverses zones riches en faune et flore ou en caillasse. Cette section peut également se diviser en trois phases. La première et la dernière section du chemin sont vraiment raide et comportent de nombreux lacets alors que la partie centrale est essentiellement plate et mène à travers des prairies.

C’est à partir de ce point-là que notre randonnée prit une autre dimension puisqu’un gros orage éclata. Trempées en deux secondes et entourées de brumes, il fut particulièrement plus difficile d’apercevoir le paysage et de se rendre compte du chemin qu’il nous restait encore à randonner avant d’arriver à la station de montagne. D’un autre côté, de ne pas apercevoir le tracé à plus de 20 mètres permit de ne pas se rendre compte des passages exposés au bord de la montagne. Ainsi, si vous êtes sujet au vertige, il faudrait peut-être envisager de ne pas prendre cette section et de randonner par le tunnel. Lorsque le temps est ensoleillé, vous pourrez profiter de vues incroyables sur les montagnes environnantes et sur la vallée en contrebas. À coup sûr, je reviendrai pour profiter de ceci.

Naturellement, tous ces tracés plus techniques et vertigineux sont sécurisés par des chaînes. Épuisées par la tempête et par les premiers kilomètres avalés, nous devions vraiment faire attention à nos pas. Nous croisâmes toutefois, pour la première fois, d’autres randonneurs et randonneuses qui montaient à la Muttseehütte.

Finalement, ne pensant ne jamais arriver à la station de montagne, car le brouillard l’englobait. Nous finîmes par l’apercevoir, littéralement en dessous de nous, le chemin serpentant pour enfin arriver au sec dans la télécabine.

Où manger et passer la nuit ?

Après nos péripéties, le temps se calma gentiment lorsque nous arrivâmes à la station de départ. Il était environ 16:30. Crevant de faim, nous décidâmes de partir à la recherche d’un restaurant avant de trouver un endroit où passer la nuit.

Nous prîmes la route en direction du chef-lieu de Glaris, pensant que là-bas, nous trouverions de quoi nous sustenter. Bien nous en prit. La petite ville de Glaris (oui le canton et le chef-lieu ont le même nom) se visite en une dizaine de minutes. C’est un lieu de passage sympathique où la diaspora tessinoise ou italienne se fait ressentir !

En effet, j’ai plus entendu d’italien que de suisse-allemand (et croyez-moi ça fait du bien…). Nous avons d’ailleurs soupé dans un restaurant italien, L’Angolo dei Sapori. La cuisine était ouverte à 17:30 tout comme la terrasse qui permettait de goûter à quelques rayons de soleil bienvenus. Le repas fut délicieux, je vous recommande cette adresse.

Nous nous mîmes ensuite en route pour trouver un coin où dormir. Voyageant avec le bus aménagé de mon amie, nous nous sommes référés au site Park4night. Celui-ci indique des emplacements où dormir, sans déranger les propriétaires de terrain.

Nous choisîmes cet emplacement : Spiringen, Klausenstrasse

GPS:
N 46°52’6.6252” E 8°52’31.3212”
46.868507, 8.875367

Des commentaires disaient que le spot était idéal, à côté de la route traversant les Alpes Glaronaises et que les propriétaires étaient très gentils. Nous avions voulu leur demander si c’était ok de parquer la voiture pour la nuit, mais arrivant vers 20:00, nous ne vîmes personne, ni lumières allumées.

Le lendemain, nous nous réveillâmes aux sons des vaches et des agriculteurs venus travailler sur leurs terres. Nous nous annonçâmes et ils nous dirent qu’il n’y avait aucun souci à ce que nous restions encore quelque temps avant de partir vers d’autres aventures, en terre uranaise.

Une randonnée unique dans un tunnel et des panoramas majestueux, que demander de plus pour découvrir la Suisse ?

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Comments (10)

  1. Hello,
    Merci pour ce partage, c’est chouette. Si je veux avoir la magnifique vue sur le lac (apparemment depuis le Muttseehütte), puis redescendre ensuite à la station de téléphérique (donc sans dormir au refuge) il faut compter à peu près 5h de marche en tout sans les pauses ? C’est faisable en une journée j’imagine ? Merci beaucoup pour ta réponse 🙂

    1. Salut Cloé!
      Oui alors la vue n’est pas directement depuis le Muttseehütte, mais est proche. La vue est depuis le sommet du Muttenchopf. C’est tout à fait faisable en une journée. Je conseille toutefois de partir tôt, afin de ne pas être tributaire des horaires du téléphérique (pour le retour). Nous avons vraiment eu un temps mauvais et avons eu de la peine pour redescendre (sous une pluie torrentielle), cependant même en moins de 5h c’est très jouable.
      Si tu y vas, profite et j’espère que tu auras un temps splendide 🙂

  2. Superbe! ça me tenterait bien d’essayer ma tente par ici! Est-ce qu’on peut prendre le billet(le lendemain) en haut de la cabine pour redescendre?

    1. Je n’ai pas souvenir d’avoir vu de quoi acheter un billet à la station de montagne, le point de contrôle d’accès (un tourniquet) est dans la station de vallée (info ici https://www.muttseehuette.ch/luftseilbahn-tierfehd-kalktrittli/). À mon avis, le billet aller-retour n’est pas nécessairement valable que sur une journée, mais il vaut pour un aller et pour un retour, qu’importe les jours. À vérifier peut-être auprès de l’auberge de Muttseehütte.

  3. Bonjour,
    Merci pour ce récit très complet et sympathique à lire!
    Sujet au vertige, je souhaiterais savoir si le trajet de votre itinéraire pour la montée, à la suite du tunnel, est compliqué et vertigineux? surtout le passage avec la chaîne?

    Merci pour ce partage

    1. Bonjour Frédéric,

      Merci pour ton retour. Le passage avec la chaîne est vraiment très facile et l’itinéraire peut s’avérer vertigineux oui, étant sujet au vertige j’imagine. Toutefois, il n’est pas étroit et très bien sécurisé. Bonne rando!