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L’ascension de l’Adam’s Peak

Quand nous préparions notre itinéraire, l’Adam’s Peak nous est paru bienvenu, surtout en sachant que nous aurions la possibilité d’assister à un magnifique lever de soleil. Et puis, nous avons également appris qu’il représentait énormément de choses pour bien des cultures. En effet, l’idée de se joindre à un flot de pèlerins de toutes religions pour une ascension nocturne nous paraissait intéressante, bien que nous n’ayons pas de croyances particulières. De plus, aimant nous promener dans nos montagnes suisses, celle-ci nous apparaissait à notre portée… Cependant, il est vrai, que nous ne nous attendions pas à ce que nous avons découvert en terme d’effort.

Ce sommet est vénéré par les bouddhistes, les hindouistes, les musulmans et les chrétiens, à la croisée des religions, puisque l’empreinte de pied géante au sommet est diversement revendiquée comme étant soit celle de Bouddha, Shiva, Adam ou Saint-Thomas. Plusieurs légendes font état de cette trace et elle serait une des plus anciennes et sacrées qui soit (cette empreinte fût même citée dans les écrits de Marco Polo) !

Vue aérienne, image prise sur le site officiel

Le Pic d’Adam en français est le sommet le plus important de l’île du Sri Lanka, néanmoins nullement le plus haut, honneur qui revient au mont Pidurutalagala, également situé dans la partie du pays nommée «Massif Central». Fort de ses 2’243 mètres, le pic est situé à 7 kilomètres du village de Dalhousie, communément appelé Nallathanniya. L’ascension consiste simplement (ce que nous croyions au début !) à gravir des marches, plus de 5’500 (oui, c’est ici que cela se complique) pour arriver au sommet. Pour vous donner une idée, la Tour Eiffel compte 1665 marches et l’Empire State Building en compte 1860. De ce fait, en quelques heures, nous avons monté et descendu presque trois fois le célèbre symbole new-yorkais.

Image récupérée sur TripAdvisor

Stairway to heaven ? 

1h45, le réveil sonne ! Après une courte nuit, nous voilà prêtes pour gravir l’Adam’s Peak. Nous nous éclipsons de notre hôtel et rejoignons déjà quelques voyageurs, qui comme nous, ne s’attendent pas à l’effort qu’ils vont fournir.

Nous allons au sommet de cette montagne sacrée.

Une légère musique cinghalaise/indienne résonne plus nous approchons du point de départ officiel. Pourtant, ce sont les échoppes le long du chemin qui m’interpellent le plus ; les locaux bâillent et proposent leur camelote, divers présents ou objets à acheter : des peluches d’un autre âge et de toutes les couleurs, du chocolat, des montres, etc. Nous retrouvons également une échoppe bricolée où des masseurs nous offrent leur service lorsque nous serons de retour.

Carte trouvée sur le site officiel

Nous arrivons par la suite au temple qui fait office de réelle porte d’entrée à l’ascension. Un moine bouddhiste nous accroche gentiment un fil blanc au poignet en signe de paix et nous fait également comprendre qu’une petite donation est la bienvenue. 1000 rupee chacune en moins et notre nom et pays d’origine notés dans le livre d’accueil, nous entamons véritablement, d’un pas léger, l’ascension des premières marches.

Nous progressons vers le sommet en rencontrant des personnes de toutes les nationalités et surtout beaucoup de sri lankais, venus spécialement de tous les coins du pays faire le pèlerinage. Quelques peu ébahies de les voir grimper ces 5’500 marches en tong ou en sandales, nous nous sentons terriblement étrangères, en décalage, principalement avec la perception soit d’être parfaitement équipées, soit tout naturellement équipées de manière cohérente face à l’épreuve.

Nous perdons toute notion du temps et surtout de distance. Les marches se raidissent, se font plus hautes et nos cuisses s’enflamment. Des madam rafistolés (nom donnés aux échoppes de cette partie du monde), entre quelques rangées d’escaliers, proposent des sodas aux couleurs artificielles, des bouteilles d’eau, à manger et surtout du thé chaud, la boisson nationale. Le sommet nous apparaît encore lointain, nous devinons les lumières de la cime tout en ayant l’impression qu’elle s’échappe au lieu de se rapprocher. De quoi vraiment se sentir dans une atmosphère spéciale et assez subjuguante d’aberrations (sérieusement, des enfants qui courent partout en tong à 2h du matin, des échoppes proposant tout et n’importe quoi de tous les côtés, des randonneurs à bout de souffle, une musique hypnotisante en fond, etc.) mais qui nous pousse à continuer. Plus que l’envie d’assister au lever de soleil, nous nous conditionnons à l’effort et surtout à ce challenge d’atteindre le sommet !

Chacune allant à son rythme, je laisse mon amie derrière moi en conditionnant ma tête à gravir ces marches et surtout à oublier la douleur qui se manifeste un peu partout dans mon corps. L’altitude commence à se faire sentir, le fond de l’air se rafraîchit et finalement, une légère crainte m’envahit. Arriverons-nous au sommet de l’Adam’s Peak pour le lever de soleil ? Aurions-nous assez de place pour y assister, voyant l’attroupement de monde à l’ultime étape avant le sommet ? Questions que je me pose notamment en levant les yeux, et que j’aperçois cette jolie et gentille volée de marches (mais la dernière !!) qu’il nous faut encore gravir !

Attendant mon amie, nous gravissons ensemble la dernière tranche d’escalier, à-pic ! Arrivées au sommet, nous comprenons rapidement que le lever de soleil s’admire d’où nous survenons. En effet, une quinzaine de marches en béton nous accueille pour nous asseoir afin de contempler le spectacle à venir. Nous ne continuons pas plus loin à la découverte du temple, car notre but n’étant pas religieux, nous préférons aisément nous assurer une place assise, derrière de sympathiques lausannois (le monde est petit non ?), aux premières loges. Je m’aventure quand même de quelques marches, intriguée, pour déboucher sur une tonne de chaussures (évidemment il faut se déchausser à l’entrée d’un temple bouddhiste) et, en arrière-plan, tous les possesseurs sri lankais qui vont avec, agglutinés et emmitouflés sous de grosses couvertures après être sûrement allés saluer la trace de pied sacrée. Impossible d’aller plus loin, je m’en retourne attendre, puisque l’aube se manifeste gentiment. Il est alors environ 5h30 !

L’astre du jour commence à se lever, surplombant une mer de brume qui malheureusement ne rendra pas aussi spectaculaire qu’imaginé l’illumination du ciel. Pourtant, le temps s’arrête pour simplement donner un sentiment d’universalité, d’accomplissement sportif ou personnel et de partage avec ces nombreux étrangers, chacun ici dans un but différent, quelle que soit l’approche, quelle que soit la foi, et pourtant tous réunis au même moment.

Dans le ciel, la palette de couleurs varie d’un bleu océan à un orange profond, et ce, paresseusement en s’étirant sur l’horizon, la brume empêchant sûrement la diffusion des couleurs. Puis, le jour pointe le bout de son nez mais il fait toujours très froid au sommet. Requinquées, nous décidons de redescendre en pensant, naturellement, avoir fait le plus dur lors de l’ascension.

Et non ! Ces vilaines marches sont encore plus difficiles à descendre et nos genoux morflent. De nouveau, je m’étonne de la population plus jeune du pays qui descend à vive allure, toujours en tong… Se dire qu’ils ont le même âge que nous, est décourageant !

Cependant, allant à un rythme plus léger, c’est là que nous pouvons enfin apercevoir le paysage qui s’offre à nous ! Oubliées les petites douleurs mentales du chemin à devoir encore parcourir, ce que nous découvrons est absolument magique.

Suite au lever du soleil, il reste les collines environnantes d’un vert vif, un véritable paradis naturel entre ciel et terre. En contrebas, le réservoir de Maskeliya s’illumine également avec les premières lueurs du jour. Des papillons virevoltent ici et là, la végétation se réveille.

La descente des marches en béton se fait, presque, d’un pas plus aérien. Nous apercevons au loin le stupa, cette structure architecturale bouddhiste d’un blanc immaculé qui nous rappelle d’où nous sommes parties. Le retour est encore long, l’estomac se réjouit à l’idée d’un bon petit déjeuner à l’auberge. Nous découvrons également que la fin du parcours se déroule sur les versants couverts de plantations de thé.

Nous nous réjouissons surtout de croiser l’adorable chiot, entre aperçu quelques heures plus tôt, pour passer quelques minutes à jouer avec lui.

Les singes sont également de la partie à l’arrivée, assis nonchalamment sur des panneaux ou sur les fils téléphoniques.

Les jambes flageolantes, nous arrivons finalement à notre hôtel à Dalhousie où un bon petit-déjeuner, bien mérité, nous attend. Ainsi, l’ascension de l’Adam’s Peak, au-delà de l’effort physique, reste une expérience quelque peu mystique et incroyable.

Fières de notre ascension, nous discutons quand même que nous ne nous attendions pas à un tel challenge. D’ailleurs, nous sommes bien contentes de retrouver juste après notre gentil chauffeur Nimal, pour nous conduire à notre prochaine étape et de nous reposer dans la voiture sans avoir besoin de courir dans tous les sens pour arriver à notre prochaine destination, la britannique Nuwara Eliya.

De jour, en redescendant de Dalhousie, nous apercevons de plus près le majestueux paysage dont une vague esquisse nous était apparue plus tôt au sommet du pic d’Adam. Exténuées, nous traversons le barrage du réservoir de Maskeliya à la découverte de nouvelles beautés du Sri Lanka, dans les montagnes du centre, parmi les surprenantes plantations de thé. Plantations de thé que nous aurons la chance de découvrir à Ella.

Adam’s peak, informations pratiques

Comment se rendre à l’Adam’s Peak ?

Puisque nous avions notre chauffeur privé à disposition durant la première semaine de notre voyage, c’est naturellement qu’il nous a amené à Nallathanniya, soit le village le plus proche où passer la nuit avant l’ascension.

Nombreux sont ceux qui viennent en bus ou en tuk-tuk depuis Hatton (à quand même 35 km du sommet), qui est la gare la plus proche desservie par le train depuis Kandy ou Ella.

Où dormir à l’Adam’s Peak ?

À Nallathanniya, on retrouve de nombreux hébergements. Nous avions choisi par Booking le Daddy’s Guest Home, dont les commentaires et le rapport qualité/prix nous donnait bien envie. Nous y avons bien dormi, le personnel est sympathique et la situation idéale, cependant nous ne sommes clairement pas sûres de la fraicheur des aliments ingurgités la veille de l’ascension au restaurant de l’hôtel. Je conseille vivement de réserver à l’avance son hébergement, car nous avions modifié sur place notre itinéraire et seules quelques chambres étaient encore libres à cette période de l’année (fin décembre).

Quelle est la meilleure saison pour faire l’ascension ?

Surtout pour des conditions climatiques, il est conseillé d’effectuer cette excursion entre décembre et avril, soit lors de la saison touristique. De ce fait, de nombreuses personnes tenteront l’ascension à cette période, c’est la raison pour laquelle, il vaut mieux également éviter d’y aller le week-end, puisque les locaux ont aussi plus de temps pour y venir.

Nous avons effectué l’ascension un vendredi matin à la fin du mois de décembre, le 29 plus précisément et, même en fin de semaine, nous avons rencontré énormément d’individus lors de la montée de l’Adam’s Peak.

Autre possibilité d’ascension

L’ascension peut également se faire au départ de Ratnapura, soit depuis l’autre versant de la montagne. Toutefois, il est bien plus rare d’emprunter ce parcours car le chemin est soi-disant plus difficile et fatigant que celui emprunté. En revanche, vous croiseriez moins de monde et la nature est, selon le guide du Routard, plus sauvage.

Heure de départ

Nous conseillons 2 heures du matin si, comme avec la position de notre hôtel, vous êtes idéalement situés. Dépendant de la saison, le soleil se lève aux alentours de 5h30-6h00, ainsi vous avez de la marge pour y arriver.

Temps de l’ascension

Cela dépend de chacun et également de l’affluence des pèlerins ! Cependant, il faut compter 14 km l’A/R et entre 2h30 et 4h30 de montée (3h30 nous concernant).

Difficulté

Elevée, nous ne nous attendions clairement pas à ce challenge. Pendant quelques jours, nos jambes étaient lourdes et nos genoux douloureux.

Dénivelé

Environ 1’000 mètres

Matériels

Chemin balisé et éclairé lors de la saison touristique. Prévoyez des vêtements chauds pour le sommet où l’air est clairement plus frais!

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