Europe Macédoine du Nord

Skopje, la pimpante capitale kitsch de la Macédoine du Nord

Je ne remercierai jamais assez mon amie Viktoria de m’avoir fait visiter une partie de son pays, la Macédoine du Nord ainsi que sa capitale Skopje. Tout a commencé lorsqu’elle nous annonça que pour fêter son trentième anniversaire, elle organiserait une fête dans son pays d’origine, la Macédoine du Nord.

On ne va pas se mentir, je sautai sur l’occasion pour naturellement célébrer mon amie, mais également pour découvrir un pays encore totalement inconnu à mes yeux. Divers rebondissements dans la planification de cette escapade survinrent qui me fit coupler ce voyage à la découverte de la capitale du Kosovo – Pristina (rappelez-vous mon souhait de visiter les capitales européennes avant mes 30 ans).

Ce billet raconte ainsi, la découverte de Skopje, la capitale du pays, entourée de mon amie Viktoria, d’une de ses amies d’enfance résidant dans la capitale macédonienne, d’un ami suisse de la famille de Viktoria et (suspense) de mon papa. Je vous parlais de rebondissements, mon papa en fut un. Je fus d’ailleurs ravie de découvrir ces deux pays avec lui.  

Pourquoi visiter la capitale de la Macédoine du Nord ?

Les voyageurs qui explorent la région des Balkans ne voudront pas manquer de découvrir la capitale de la Macédoine du Nord. Avec son mélange de tradition et d’éléments modernes inhabituels, la capitale de la Macédoine du Nord est une étape essentielle de tout bon itinéraire balkanique. Il est peu probable que vous ayez déjà visité un endroit comme Skopje, et n’est-ce pas là une raison suffisante pour découvrir tout ce qui s’y passe ?

Même si la ville de Skopje ne manque pas de curiosités, ce n’est pas le genre de destination qui nécessite beaucoup de temps pour être explorée en profondeur. Les meilleures choses à faire à Skopje montrent à la fois le côté historique de la ville et sa tentative moderne de réinvention, révélant rapidement sa nature complexe et inhabituelle. Bien qu’une courte visite ne suffise jamais à connaître pleinement une ville, un après-midi à Skopje suffit pour comprendre pourquoi cette ville des Balkans est si curieuse.

Un après-midi à Skopje, entre patrimoine et Disneyland revisité

J’ai donc commencé mon périple dans la capitale du pays, étant arrivée par la route, à la gare routière de Skopje. Après un arrêt à la forteresse qui surplombe la ville, c’est réellement en arrivant par le bus que je vis le plus de Skopje et que je découvris ce premier aspect d’ébahissement devant ce que je voyais : des grandes statues en vois-tu en voilà, des bâtiments imposants de diverses architectures (du néoclassique à Skopje – mais pourquoi ?), des bateaux pirates ; j’assistai depuis la fenêtre du bus à un spectacle éclectique et désopilant.

Je ne pense pas avoir été aussi confuse après être arrivée dans un autre endroit, je n’avais vraiment aucune idée de ce qu’il fallait faire à Skopje. Cela me donna qu’une envie, celle d’explorer et comprendre comment Skopje, capitale de la Macédoine, se révèle être si kitschissime voire un Disneyland nationaliste.

Je remarquai immédiatement les bus à deux étages rouges qui me firent penser à ceux londoniens. Une pensée qui se révéla juste, puisque ces bus viennent effectivement de Londres. Ceci est dû à un terrible tremblement de terre qui ravagea la ville de Skopje en 1963. Afin d’aider la ville à se reconstruire, le maire de Londres de l’époque prêta 18 bus rouges à étage, qui sont toujours en activité près de 60 ans après.

J’ai premièrement pensé qu’il s’agissait des bus à touristes sightseeing « hop-on hop-off », mais je me fis la réflexion que la ville de Skopje n’étant pas si touristique, il devait s’agir des transports en commun des Skopiotes. En effet, la Macédoine du Nord n’accueille que peu de touristes, plutôt vers le sud et les lacs (ce qui a l’air magnifique comme région !). Le potentiel est grand pour découvrir ce pays méconnu. Je vous parle d’ailleurs d’une escapade, faisant office de bouffée d’air frais, à quelques kilomètres de Skopje, ici.

Je retrouvai mon amie et ses amis à la gare routière. La visite pouvait commencer. C’est aussi ce que j’aime lorsque je voyage, c’est de pouvoir découvrir un lieu au travers des souvenirs et avis de locaux. Bien que n’ayant pas vécu à Skopje, mais à Kumanovo (à 25 km de la capitale), Viktoria commença à nous raconter diverses anecdotes sur la ville et le pays. Son amie, qui réside actuellement et travaille dans la capitale, complétait les variés commentaires. Toutefois, c’est par le regard que la ville de Skopje se présenta à nous.

Ce qui me sauta directement aux yeux, est le fait que les Macédoniens sont friands de shopping, en effet nous traversâmes un grand centre commercial avant de déboucher sur une place immense entourée de grands bâtiments avec en son centre, une gigantesque statue. Il me faut peu de temps pour deviner qui est la personne chevauchant fièrement un cheval : Alexandre le Grand.

Comme me l’apprend Viktoria, en Macédoine, il est très improbable de restaurer les monuments, ils préfèrent en construire des nouveaux, toujours plus grands et excentriques. Ce qui en devient dommage, car on ne ressent pas dans cette partie de la ville, un passé, une histoire. Et pourtant il y aurait matière à ceci, avec notamment Philippe de Macédoine et son fils Alexandre le Grand, mais également toute l’occupation byzantine, serbe, etc. Heureusement, la partie plus historique et traditionnelle se ressentira plus tard dans notre visite.

Je distinguai au loin un Arc de Triomphe et en me retournant je vis que mon groupe empruntait un pont qui me paraissait bien familier. Avec ses nombreuses statues, on jurerait être transportés à Prague, sur le pont Charles. Sauf qu’il paraît une très pâle copie, bien que plus propre (c’est aussi le charme du pont Charles, sa noirceur légendaire).

Au fil de notre découverte, cela me frappait, l’impression d’être dans une reconstruction de plusieurs emblèmes de pays étrangers (je vous ai mentionné l’Arc de Triomphe, mais on peut citer également un taureau en statue qui rappelle celle de Wall Street, ou encore des néons en signe de pancartes publicitaires Coca-Cola). Une excentricité qui pourrait donner un charme à la capitale, mais qui la rend décousue, et peu chaleureuse, bien qu’à taille humaine. Toutefois, c’est impressionnant à observer.

Comme si cela ne suffisait pas, des navires flambant neufs et à l’allure ancienne ont également été construits et sont maintenant amarrés sur le fleuve Vardar.

En me renseignant par la suite, je découvris que tout ceci est le résultat d’un projet nommé « Skopje 2014 » de reconstruction et modernisation de la capitale. La gigantesque fontaine avec la statue d’Alexandre le Grand en fait partie et a coûté environ 7.5 millions d’euros au pays…

Surnommée « Warrior on a horse », avec ses 14 m de haut, c’est le symbole du scandale qui gangrène la Macédoine du Nord, à vouloir dépenser (ou gaspiller) futilement l’argent public pour une capitale qui n’a pas besoin de tant de grandeur, ni de pâles copies d’autres lieux célèbres dans le monde, ni d’un culte voué à un, certes, grand empereur, mais qui vaut vraiment une fontaine kitschissime et des dizaines, voire vingtaines de statues dédiées à cette famille dans la ville ? C’est un peu comme si la Macédoine, enfin la ville de Skopje, s’était dit, avec cette opération urbanistique, « c’est nous qui avons la plus grosse »…

Ce projet Skopje 2014, même encore de nos jours, ne fait pas l’unanimité, à cause naturellement de son coût total (plus de 200 millions d’euros) mais également à cause de son caractère historiciste et nationaliste, sans représentation de la minorité albanaise (quand même un quart de la population de Skopje).

En finalité, il me faut à peine une vingtaine de minutes dans cette partie de la ville pour en avoir ras la casquette de toutes ces statues. Il y en a littéralement partout : que cela soit sur le sol, sur les ponts, sur les toits, dans l’eau de la Vardar, bref partout.

Je n’ai pas vu Skopje avant leur construction, je ne peux donc pas comparer. Mais peu importe ce que vous pensez de la nouvelle allure du centre-ville de Skopje, c’est une expérience intéressante que de se promener autour de ces bâtiments aux allures folles et de se faire sa propre opinion à leur sujet.

Je me réconciliais avec la ville, en arrivant dans sa partie plus historique : appelée Old Skopje. Il s’agit du quartier du Vieux Bazar. Miraculeusement épargnée par le tremblement de 1963, c’est la raison pour laquelle son authenticité contraste avec le kitsch et le faux de la nouvelle partie. C’est un beau témoignage de la présence ottomane.

J’appris en dégustant un café turc au détour d’une ruelle (j’avais adoré découvrir cet aspect en Turquie, le café étant un rituel important à mes yeux – d’ailleurs dans cette échoppe, ils le font dans du sable, passionnant), que le bazar de Skopje est le deuxième plus grand bazar du continent européen, après celui d’Istanbul. Ici, comme dans de nombreuses villes des Balkans, la scène du café est très importante, Skopje ne faisant pas exception à la règle en y proposant un café épais, super bon marché et naturellement délicieux.

Ce passé de Skopje dans l’empire ottoman me permet d’en apprendre davantage sur l’histoire non contemporaine du pays. C’est à cette époque, que la ville devient majoritairement musulmane et entreprit une fonction commerciale, grâce à sa position optimale entre l’Europe centrale et occidentale et la Grèce.

Aujourd’hui, la Macédoine du Nord, tout comme Skopje, est caractérisée par une grande diversité ethnique, étant située dans la zone de rencontre entre Macédoniens et Albanais. Au cours de son passé, des Roms, Turcs, Juifs ou encore Serbes vinrent s’installer dans la ville. Je vous disais qu’elle était majoritairement musulmane vers le début du 19ᵉ siècle, aujourd’hui la population est majoritairement chrétienne orthodoxe, après l’annexion en 1912 de la Macédoine du Vardar par la Serbie. Il existe toutefois à Skopje une minorité chrétienne albanaise, dont est par exemple issue Mère Teresa.

Oui, pour le petit éclaircissement, Mère Teresa est née à Skopje (anciennement Üsküb sous l’Empire Ottoman) en 1910. Elle y a habité les 18 premières années de sa vie, avant de partir en mission en Inde. La ville lui rend beaucoup hommage, et il est vrai qu’il me fallut lire sa fiche Wikipédia pour comprendre son histoire, ayant vu également des hommages à Pristina (la rue principale se nomme Rue Mère Teresa), et ayant pensé qu’elle venait du Kosovo.

Il s’agit en finalité qu’une question d’ethnie, ce qui régit les Balkans. Mère Teresa est albanaise, peuple qui se trouve au Kosovo (qui s’est émancipé de la Serbie). Ainsi, elle fait l’objet d’une commémoration spéciale dans sa terre natale des Balkans, d’ethnie albanaise – allez, devinez, comment se nomme l’aéroport de Tirana, capitale de l’Albanie ? Un musée lui est dédié à Skopje, je pense que si cela vous intéresse, il vaut la peine d’être visité.

D’échoppes en échoppes, nous flânâmes dans ces agréables ruelles, aisément surpris mon papa et moi de découvrir cet aspect si authentique après la décadence de la nouvelle partie. Une partie de nous toutefois rigolait de la coïncidence qu’Alexandre le Grand est le fils de Philippe de Macédoine. Il m’en fallut peu pour me proclamer impératrice Alessandra la Grande, mon père s’appelant Philippe.

L’authenticité se ressent, car cela m’apparaît comme le cœur de la ville pour les habitants de Skopje. On y mange, on y fait son marché et ses achats dans les nombreuses boutiques, on y prie également, puisque c’est ici, au milieu de ce labyrinthe de ruelles, que se cachent des églises, mais aussi des mosquées, le pays étant à 33,3% musulman.

Il est facile de se perdre dans le dédale de rues étroites, mais on peut aussi trouver de véritables joyaux dans les endroits les plus inattendus, comme les bezisten (vieux marché couvert) ou les hamam (bains publics). Le vieux bazar contraste tellement avec le reste de la ville. On a l’impression que le temps s’est arrêté ici il y a une centaine d’années.

Après avoir vagabondé et fait divers achats, nous décidâmes de se restaurer, mon amie ayant la volonté de nous faire découvrir les délices de son pays. Il était 15h30 et je me demandais comment nous allions faire, ayant des festivités (incluant à nouveau des tonnes de nourriture) avec toute la famille à 20h, le soir même… ceci n’avait l’air de déranger personne et nous commandâmes divers plats à partager… un vrai festin.

Ce fut surtout le moment de découvrir une coutume locale, celle de boire une eau-de-vie en guise d’apéritif… Une idée qui ravit mon papa, mais qui me laissa dubitative, n’ayant rien mangé depuis le petit-déjeuner et voulant avoir peut-être quelque chose dans le ventre avant d’ingurgiter 42 degrés cul de sec. On me rassura, cela se déguste et ne se boit pas en shot (enfin pas en tant qu’apéritif). Je savais que c’était une mauvaise idée, puisque je passais les jours suivants à boire un alcool à plus de 40 degrés avant chaque repas… Vive la tradition du Rakija. Il s’agit d’un alcool obtenu par distillation de jus de fruits fermentés, très populaire à travers les Balkans.

En finalité, la ville de Skopje vous apportera de nombreux moments qui peuvent être considérés comme « wtf ? ». Mais cela fait partie du plaisir évident de découvrir de nouveaux lieux plus insolites.

Arrivée à Skopje depuis Pristina

Après une jolie journée de découverte de la capitale kosovare, nous nous rendîmes un samedi matin à la station routière de Pristina afin de prendre un bus pour Skopje. Les différents sites internet visités ne permirent pas de se rendre compte de la fréquence des bus ou de leurs horaires précis (même Rom2Rio ne me fut d’aucune aide). Privilégiant la sécurité, en ayant vu qu’il y aurait un bus vers 11h30, nous arrivâmes vers 10h30 à la gare. Presque en un claquement de doigts, nous eûmes l’occasion de prendre deux tickets pour Skopje pour effectivement un bus à 11h30.

La pratique courante est de prendre le billet dans le bus. Toutefois, nous voulions nous assurer une place, ce qui nous laissa poireauter une heure dans la station routière. Le billet coûte 7 euros pour environ 1.5 heure de trajet.

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