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Hommage à San Siro, la Scala del Calcio à Milan

À Milan, il y a deux équipes – l’AC Milan et l’Inter Milan. La rivalité entre ces deux équipes et leurs supporters est immense, et peut diviser des familles, certes unies, ou transformer des quartiers paisibles en zones de guerre civile. Ou me faire repenser mes amitiés/amours.

Je ne suis pas italienne, et il est vrai que cette culture très ancrée vers le football n’est pas très enracinée en Suisse d’où je viens, mais je me considère comme une vraie tifosa. Le mot tifoso, qui signifie supporter, vient de la maladie infectieuse du typhus (en italien : tifo) qui, si elle n’est pas traitée, provoque une forte fièvre, tout comme le tifoso, fan de football, « souffre de la fièvre du football ».

Avoir deux grandes équipes dans une ville est synonyme de derby bouillant et d’atmosphère effervescente et vibrante de clameurs, de soliloques délirants de langue italienne (des injures qui sonnent fleuries en italien) et de compétition. Je vous parle souvent de ma bucket-list de voyage, mais il est vrai qu’il faudrait que j’intègre un élément personnel à ceci : celui d’assister à des derbys mythiques du football (Rome, Manchester, Istanbul ou encore Buenos Aires). Je vous parlais d’ailleurs ici de celui vécu à Édimbourg. 

Alors oui, une grande partie du mythe et de la légende du football est construite autour de rivalités célèbres. Ces matchs sont très importants pour les supporters et prennent souvent plus d’importance que n’importe quel autre match du calendrier. Et les résultats peuvent se traduire par de la vantardise des gagnants pendant des mois, voire des années. C’est aussi ceci la magie du sport (si on fait partie de la team gagnante, d’ailleurs pour la saison 2021-2022, i campioni siamo noi).

Donc à Milan, il est important de choisir tôt dans la vie si on est tifoso/a du Milan ou de l’Inter, car il est vrai que cela déterminera, dans une large part, avec qui les milanais passeront leurs week-ends, et ce jusqu’à la fin de leur vie (plus ou moins). Souvent cela vient de loyauté familiale, il est vrai comme moi (même si j’ai eu une période rebelle à soutenir l’Inter pour embêter daddy).

Et comment comprendre que cette équipe de football fédère autant à l’étranger ? Je vous l’avais dit, je ne suis pas italienne, je n’ai aucune racine à Milan. Cet amour du football, je le dois à mon père, puis nous l’avons cultivé ensemble, en famille, en nous rendant plusieurs fois par an à Milan pour suivre des matchs. C’est d’ailleurs aussi un phénomène à prendre en compte touristiquement parlant, l’attrait des spectateurs à se déplacer pour voir l’objet de leur idolâtrie, leur équipe favorite ou encore de grands évènements majeurs tels que les Jeux Olympiques.

Mon expérience à San Siro

Aller au stade en Italie est un condensé de la vie si distinctive des Italiens et Italiennes. Le spectacle ne se passe pas que sur le terrain, mais également dans les tribunes, envahies de douceurs fleuries en italien des tifosi qui s’évertuent à encourager (à leur manière) les 11 esthètes flanqués d’un maillot rouge et noir. À San Siro, je me sens à la maison, entourée d’inconnus, mais reliés par une même passion, celle du football

J’ai commencé à fréquenter San Siro lors de la saison 2009/2010, qui n’a pas vraiment été marquante, avec Milan terminant à la 3ᵉ place. Paolo Maldini, légendaire capitaine de Milan et de l’Italie, surnommé « Il Capitano » (« Le Capitaine »), venait de prendre sa retraite. Je n’ai donc pas eu l’occasion de voir ce défenseur emblématique sur le terrain en tant qu’avant-dernier rempart des Rossoneri. Kakà avait également été transféré au Real Madrid à ce moment-là, mais j’ai eu l’occasion de le voir jouer quelques années plus tard au Santiago Bernabeu.

Plus qu’une injection d’adrénaline à chaque fois que je vais voir un match, c’est l’expérience complète, grâce au mythique stade de San Siro, qui me pousse à revenir. Car il est vrai, j’en ai visité des stades sur tout le continent et même en Amérique du Sud ; certains plus grands, d’autres avec autant d’histoire, certains plus modernes, d’autres peut-être même plus esthétiques. Toutefois, rien n’est comparable à San Siro.

Depuis mes premiers pas à San Siro, il y a plus de 10 ans, certaines choses ont changé. Il y a maintenant une station de métro San Siro et le stade a été un peu rénové pour la finale de la Ligue des champions 2016. En fait, le nom de la station a techniquement également changé en DAZN San Siro Stadio.

Et il nous a fallu 10 ans pour regagner le scudetto ! Bien que l’affluence, ces dernières années, était plus faible, l’atmosphère, elle, est restée la même que d’habitude. Comme ancrée dans ce passé glorieux et historique que tout tifoso ou tifosa, même non né à l’époque (comme moi), ressent pour son club.

Je ressens toujours l’excitation de monter les escaliers, enfin les trop nombreux escaliers, menant au deuxième gradin (mon endroit préféré pour réserver un siège), juste pour éprouver ce sentiment d’anticipation à l’approche de la plus belle vue de toutes – ce champ d’herbe au milieu de ce temple de béton de toutes les couleurs. Dès l’arrivée au stade, il n’y a aucun silence, ça piaille de partout, il n’y a plus de moment de calme dès la vue de San Siro (à moins que vous veniez le visiter sans que cela soit un jour de match). Cette cacophonie propre au football d’un jour de match italien prend le dessus sur tout et l’excitation émerge.

Assis à n’importe quel siège, l’architecture du stade donne l’impression que le son est amplifié et cela crée un effet de chaudron intense. L’atmosphère est incroyable. Et ce même quand le stade est rempli à moitié. C’est quelque chose de différent, de mythique d’assister à une rencontre sportive à Milan, et au final, qu’importe l’équipe qui y joue.

En sortant de la bouche du métro, ou en arrivant avec tram, la silhouette reconnaissable du stade donne le sentiment que l’on va assister à quelque chose de spécial, de jamais vu, bien qu’il s’agisse toujours du même stade et de la même équipe qui reçoit. Cet attrait pour le stade, outre les performances sportives de ces deux équipes qui y ont élu domicile, on le doit à ses tourelles tournoyantes et son toit comme suspendu. Et alors, comme cela est plus impressionnant encore lors d’un match en soirée, le stade éclairé par le ciel nocturne ou par un coucher de soleil éblouissant.

À chacune de mes visites au stade, mon esprit vagabonde vers les raisons qui me font revenir à chaque fois, plus excitée que jamais. San Siro sera toujours spécial pour moi, car c’est le premier endroit où j’ai vraiment compris que le beau jeu, même si je n’étais qu’une simple spectatrice, aurait une grande importance dans ma vie personnelle et professionnelle.

À la fin de la rencontre sportive, il faut absolument aller manger de la bonne chère, qu’importe l’issue du match. C’est souvent plus embêtant quand il s’agit d’un match en soirée, avec de nombreux restaurants déjà fermés, mais qu’importe, on tombe toujours sur un restaurant qui ne paie pas de mine de l’extérieur (et qui par chance supporte la bonne équipe) mais qui propose des délices pour nos papilles. J’adore l’Italie (mais ceci, vous le saviez déjà) et je me réjouis un jour de découvrir d’autres coutumes locales réservées aux divers tifosis italiens.

C’est aussi ceci que j’aime en voyageant, découvrir les coutumes locales, les routines des habitants et cela passe au travers du football. Un sport qui en devient pour certain et certaine un culte, une religion. Parfois cela m’échappe à quel point on peut adorer une équipe de football en tant que spectatrice et pourtant me revoilà toujours au stade, fédérée par un enthousiasme de communauté autour d’un club et d’une histoire.

J’ai eu la chance lors de la réalisation de ma thèse de bachelor d’interviewer le manager marketing de Yes Milano (qui supporte la bonne équipe) sur l’impact des clubs de football de la ville pour la promotion de Milan à l’étranger. Il va sans dire, que l’impact est important, bien que moins considérable que Munich (autre ville que j’avais eu l’opportunité de discuter le sujet) où le prestige du club sur la scène européenne attire des touristes chaque année.

À Milan, l’impact, comme je vous le disais, est plus faible, mais il n’a jamais été mesuré en détail (interview datant de 2021), la ville se positionnant plutôt pour des visiteurs attirés par l’art, la gastronomie et le shopping. C’est d’ailleurs tout ce que je résume dans mon itinéraire à Milan, ici. Toutefois, la ville met en avant sur son site internet, tout comme je le mentionnais ici pour le lien entre Leonardo da Vinci et Milan, des lieux qui font écho à l’histoire du club avec la ville : AC Milan locations in the city

Le même article a été écrit pour les fans de l’Inter et nous comprenons alors l’impact marketing que les (grandes) équipes de football peuvent avoir au niveau du tourisme.

Où regarder un match dans la ville de Milan ?

Pourtant, ce qui me manquait la fois où je suis venue voir la folie milanaise pour le potentiel scudetto (en mai 2022), c’était un bar où regarder le match de football (Milan jouait à Sassuolo), m’étant chaque fois rendue dans la capitale économique italienne pour assister à un match au stade.

Je pus finalement voir la partie de football, de la rue, le bar choisi ayant déjà les réservations nécessaires à l’intérieur, mais fut bien aimable de mettre des télévisions contre les vitres, pour nous, spectateurs infortunés. Et quelle ambiance incroyable !

Il est vrai que, en finalité, je me creusai la tête pour trouver un endroit où regarder le match, venant, seule, de Turin après quelques jours de dur labeur pour la finale de la Champions League féminine, mais il aurait suffi que je suive n’importe quel groupe de personnes portant un maillot rouge et noir, tellement chaque coin de rue était peuplé de milanista ou d’interista (si le Milan perdait et l’Inter gagnait, c’était l’Inter qui faisait le titre…) en route pour supporter son équipe dans un bar local. Comme je devais rejoindre des amis, je me dirigeai vers le lieu de rendez-vous, le Offside Sports Pub.

Ce fut le lieu parfait pour assister à la victoire milanaise, depuis certes le trottoir et avec clameurs des tifosi présents sur place (ai-je mentionné déjà le propriétaire qui voulait appeler la police et éteindre les télévisions, si nous ne faisions pas moins de bruit ?).

Si vous êtes dans les environs et que vous voulez regarder un match de football, je vous le recommande vivement. Nous aurions également pu aller à la Casa Milan, le quartier général du club, mais je me disais que l’influence y serait trop grande.

Si vous voulez vous rapprocher du centre-ville, je vous conseille les options ci-dessous, qui m’ont été recommandées par des habitants de la ville :

Informations nécessaires pour vous rendre à San Siro

Métro : Ligne M5 (Linea Lilla), arrêt DAZN San Siro Stadio, ou Ligne M1 (Linea Rossa) arrêt Piazzale Lotto, puis marchez le long de la Viale Caprilli jusqu’au stade (le long de l’hippodrome). C’est ce que nous faisions avant que le métro, la ligne violette, soit mise en service et desserve directement le stade. N’hésitez pas à faire ce chemin, si vous voulez voir des graffitis en relation avec le football tout au long de la Viale.

Bus : bus 49 (Piazza Tirana-San Cristoforo), bus 78 (Bisceglie M1-Via Govone), bus 64 (Bonola-Lorenteggio), bus 80 (De Angeli-Quinto Romano), bus 98 (Famagosta M2-Piazzale Lotto M1M5).

Tram: Ligne 16 (Monte Velino-San Siro)

Je ne suis jamais venue en voiture directement au stade, mais le site officiel de Milan vous indique les parkings ici.

Si vous voulez acheter un billet pour un match, je vous recommande vivement de passer par la billetterie officielle du Milan AC (ou de l’Inter si vous choisissez la mauvaise équipe…).

Et vous, avez-vous déjà voyagé pour vous rendre à un match de football ? ou même un événement sportif ? Dites-le-moi dans les commentaires.

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Comments (4)

  1. Je n’aurais pas mieux décrit ce que je ressens quand je vais à San Siro. Un stade mythique avec une équipe encore plus mythique. le bonheur d’être un tifoso 😉