Europe Slovaquie

Bratislava, capitale en vogue

J’ai décidé chaque année d’essayer de visiter minimum une capitale européenne, dans l’espoir d’arriver à 30 ans et de les avoir toutes découvertes. Engagement pris, une dizaine de ces villes restent sur ma bucket-list et pour l’année 2018 (oui j’ai du retard dans mes articles), Bratislava m’intriguait. Profitant du week-end prolongé de Pâques, je m’y suis aventurée durant deux jours puis j’ai continué mon exploration en République Tchèque, dans la région morave.

L’on ne se pâme pas devant Bratislava, mais la capitale slovaque suscite la curiosité. Jeune affranchie, Bratislava confronte les avantages et les inconvénients des petites et récentes capitales encore en développement. Cependant, elle semble commencer à sortir de l’ombre de ses consœurs Prague, Budapest et Vienne pour faire partie des nouvelles destinations d’Europe centrale et de l’est qui comptent.

En sortant de la gare principale, constat foudroyant ! En provenance de Vienne, je remarque que nous avons traversé le Rideau de fer et que ses traces sont encore bien apparentes dans le paysage, plus de 25 ans après la chute de l’union soviétique. Bien que ne faisant pas partie de l’URSS, la Slovaquie, qui composait jusqu’en 1992 la Tchécoslovaquie avec la République Tchèque, était membre du pacte de Varsovie (c’est une ancienne alliance militaire qui regroupait les pays d’Europe de l’Est et l’URSS) et donc du Bloc de l’Est.

En dehors de la Vieille Ville, les abords de la capitale expriment visuellement ce passé communiste avec des immeubles bétonnés, austères, froids et même à l’abandon, et ce de couleur sombre. Au loin, nous apercevons également de grosses tours industrielles et des usines (qui participent énormément à l’économie locale, c’est d’ailleurs le premier pays producteur de voiture par habitant au monde !). Nous sommes également allés dans le quartier de Petrzalka sous le Danube qui reste très marqué par les grands ensembles de l’ère soviétique. Cependant, de nombreux immeubles plus modernes, de qualité architecturale qui ne fait pas l’unanimité des habitants, commencèrent à pousser dès l’indépendance slovaque, ce qui amène un sacré contraste parfois entre les styles.

Tout cela tranche complètement lorsque nous arrivons dans la Staré Mesto, la Vieille Ville. Bien que nous avons l’impression de brasser à maintes reprises les mêmes ruelles pavées, c’est ici que tout l’intérêt de la ville se concentre. Elle invite les visiteurs à une jolie promenade au gré de son architecture baroque et de son lacis de vénérables rues pavées, bordées de charmantes façades et de curiosités.

Dans le cœur historique, j’ai principalement adoré partir à la découverte d’insolites statues qui ont été disséminées dans la ville pour l’égayer. Certaines d’entre elles font la joie des passants et sont devenues incontournables, comme Cumil, la plus célèbre statue de Bratislava. Représentant un homme sortant d’une bouche d’égout, elle est l’œuvre du sculpteur Viktor Hulik et a été mise en place en 1997. De nombreuses légendes urbaines le qualifient soit de travailleur communiste se reposant, soit comme un voyeur regardant sous les jupes des filles… Pour faire court, un égoutier coquin qui est devenu avec le temps un des symboles de la ville.

Cette Vieille ville de Presbourg, comme elle fut autrefois nommée, s’étend au pied de la colline du château. Bien que sa silhouette orne les euros slovaques de 10, 20 et 50 centimes, je ne peux dire que ce château est grandiose. Certes, sa couleur blanche est pure et s’il fait beau, le rendu est joli mais tout cela laisse plutôt les visiteurs indifférents. Il est surtout intéressant pour son musée et ses belles collections.

Cependant, dominant le Danube (qui n’est ni beau ni bleu) de sa colline, c’est un bon point de vue pour admirer les environs (quand le ciel est dégagé, la vue s’étend jusqu’en Hongrie) et pour se reposer dans le parc avoisinant. 

Toutefois, le plus joli monument de Bratislava ne se trouve pas dans son centre historique. Il faut un peu s’excentrer en direction de l’est pour se retrouver face à l’église la plus atypique que j’aie explorée.

Je ne suis clairement pas une personne religieuse, cependant, en voyageant, je découvre des églises qui valent le coup d’œil, même si je n’y vais pas pour la foi mais pour son histoire et son architecture. De ce fait, l’église bleue est très différente de tous les autres sites religieux que j’ai eu la chance d’observer. Un ensemble complètement kitsch qui ressemble à de la barbe à papa. Un grand bonbon au milieu de nulle part et qui détonne dans ce quartier en construction. De style art nouveau hongrois, le Szecesszio, l’édifice est l’œuvre de l’architecte Ödön Lechner, surnommé le Gaudi hongrois.

La capitale slovaque est également la nouvelle destination favorite des noctambules. L’ambiance y est vraiment divertissante et de nombreux bars et boites de nuit se sont installés dans la Vieille ville depuis une dizaine d’année. Bratislava étant située à seulement 70 km de Vienne, de nombreux autrichiens viennent également y faire la fête et il n’est pas anodin de voir des enterrements de vie de garçon. Pourtant, en se baladant de jour dans la ville, cette atmosphère si festive ne se ressent pas. Les magasins n’ouvrent que vers midi, à croire que les locaux ont la gueule de bois et se reposent en matinée, de quoi corroborer un proverbe slovaque qui déclare « l’homme est plus sage le matin qu’il ne l’a été la veille » !

N’étant pas une fana de boite de nuit, je ne m’y suis donc pas aventurée, cependant de nombreux bars (ambiance que j’affectionne plus) permettent de passer une belle soirée comme au Dubliner Irish Pub. Alors oui, l’atmosphère n’est pas vraiment slovaque, mais on ne dit jamais non à une Guinness ! D’ailleurs, c’est dans la petite rue Sedlárska, que l’animation y est la plus chaleureuse le soir venu.

Au final, je fus agréablement surprise de Bratislava. Il est vrai, que pour une fois, je ne m’étais pas vraiment renseignée sur ce que la ville avait à offrir et ce fut agréable de flâner simplement sans devoir courir dans tous les sens pour voir le plus de choses possibles et inimaginables. Les Slovaques sont gentils et veulent volontiers nous aider bien que leur anglais soit encore très basique, ce qui nous laissa parfois dans des situations cocasses.

Cette capitale se visite en une journée, mais de nombreux endroits valent la peine d’y rester un jour de plus, de profiter et d’y faire de jolies rencontres.

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