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Expédition à Mafate, le cirque le plus reculé de l’île de la Réunion

Destination nature par excellence, l’île de la Réunion est un petit bijou préservé au milieu de l’océan Indien. L’île de la Réunion est le fruit d’un mariage improbable entre les volcans et la mer, ce qui lui confère un charme unique et une beauté à couper le souffle. On se laisse être transporté dans un univers à part, où la nature se dévoile dans toute sa splendeur et sa diversité.

La Réunion et ses 3 cirques

L’île est connue pour de nombreux éléments, mais ce qui en fait sa distinction, ce sont les trois joyaux qui la composent : les cirques de Mafate, de Salazie et de Cilaos. Mais ne vous méprenez pas ! Je n’évoque pas ici une troupe de clowns et d’acrobates, même si cela pourrait être une expérience intéressante aussi ! Les cirques dont nous parlons ici sont en fait d’immenses cratères volcaniques transformés en paysages impressionnants.

Le cirque de Mafate est un endroit d’une nature sauvage et préservée, qui semble défier le temps et les éléments. Ce cirque est en réalité un immense amphithéâtre naturel cerné par des falaises escarpées. Imaginez-vous marcher sur des sentiers tortueux, entourés d’une végétation luxuriante et des panoramas grandioses. Ici, pas de routes ni de voitures, mais plutôt une atmosphère apaisante et qui ressource, où seuls les esprits aventuriers peuvent accéder. Pour s’y rendre, les randonneurs chevronnés parcourent les sentiers, tandis que les plus chanceux peuvent opter pour un voyage en hélicoptère offrant de superbes vues aériennes.

Enfin, le cirque de Cilaos, perché en altitude, vous offrira des panoramas diversifiés. Célèbre pour ses sources thermales aux propriétés apaisantes, Cilaos est l’endroit idéal pour se détendre et se ressourcer, surtout après avoir affronté la route qui y mène (pas de tout repos, je ne suis pas sûre que la vieille voiture de ma sœur s’en soit remise totalement).

Le cirque de Salazie est quant à lui un véritable royaume de cascades et de montagnes verdoyantes. On y est accueilli par une nature généreuse, avec ses forêts tropicales luxuriantes et ses chutes d’eau majestueuses qui semblent rivaliser avec les gratte-ciels urbains. Les sentiers de randonnée vous conduiront à des panoramas époustouflants, où la fraîcheur de l’air et le murmure des cascades vous envelopperont d’une aura d’aventure. Salazie fut une expérience apaisante et régénérante au milieu de ce véritable paradis tropical, et ce même sous la pluie. En effet, même si les averses ne sont pas trop longues, quand il pleut, il pleut. 

Je vous ferai un retour plus détaillé de ces deux derniers cirques, puisque l’article actuel est dédié à Mafate, qui fut la plus belle (et la plus dure) aventure que j’ai eu l’occasion de faire sur l’île de la Réunion.

Mafate est donc le cirque le plus isolé du département français. La raison ? Il n’est accessible que par la marche. Mais je vous le promets, cela en vaut la peine ! Comme on dit :

Conseils initiaux pour randonner vers Mafate

Avant de vous lancer dans cette aventure, il est essentiel d’avoir une conscience claire de ce qui vous attend ! Bien que le cirque soit prisé par les touristes et les randonneurs, l’accessibilité peut varier.

La première chose à noter est que vous n’êtes pas un local! Le temps que les locaux peuvent décrire sur un potentiel itinéraire dans le cirque peut être biaisé. En effet, ceux-ci connaissent bien le terrain et sont généralement d’excellents randonneurs ; ce que ma sœur et moi ne sommes pas lors de l’entreprise de cette aventure.

J’ai l’habitude de faire de bonnes randonnées, en été je parcours les montagnes suisses (récit du Limmersee) à la découverte de nouvelles pépites mais je ne peux déclarer que je suis une bonne marcheuse (j’ai des problèmes de genoux, de dos et une motivation qui peut vite décliner quand la monotonie d’une marche me submerge et me fait dévier du paysage pourtant resplendissant m’entourant). De plus, ma sœur n’avait jamais réalisé une marche de plus de 3 heures. La pauvre, elle ne savait pas à quoi elle allait devoir faire face. Et pourtant, elle s’en sortit comme une cheffe !

Donc pour revenir aux propos initiaux, Mafate est le cirque le plus isolé de La Réunion, y aller, cela s’organise. À la Réunion, il ne peut être laissé peu de place à la spontanéité. Le temps peut changer en deux secondes, certaines périodes du jour sont peut-être plus propices à la découverte (notamment tôt dans la matinée) et les distances sont trompeuses. En une expression : soyez prêt(es) !

Idéalement, si le temps (soit la météo mais également en matière de durée) le permet, je vous conseille de vous rendre dans Mafate lors d’une excursion de deux jours : donc de faire minimum une nuit dans le cirque. Malheureusement, mon temps sur l’île étant restreint et ma sœur ne pouvant prendre de jours de congé, nous décidâmes de découvrir Mafate en une randonnée d’une journée.

Nous pûmes compter sur les conseils judicieux de la colocataire de ma sœur, grande amatrice de randonnée sur l’île. Elle nous conseilla d’entreprendre un circuit, qu’elle définit comme son préféré et qui passe par l’entrée la plus fameuse pour rejoindre les villages de Mafate : la canalisation des Orangers avec un départ de Sans-Soucis pour rejoindre le cœur du cirque avant de redescendre par la Rivière de Galet et revenir en 4×4.

« Topographie » trouvée sur le site de randopitons qui visualise la canalisation des Orangers pour arriver à l’îlet du même nom

Quelle que soit l’entrée que vous choisirez pour vous rendre à Mafate, je vous déconseille de laisser votre voiture sans surveillance. Des cas de vandalisme ont déjà été signalés, il est donc bon de se protéger de ces incidents, même s’ils ne sont pas systématiques. Pour un départ serein, nous vous conseillons de garer votre voiture dans un parking sécurisé ou de prendre le bus. De plus, ne laissez rien dans la voiture qui puisse attirer l’œil.

Randonner à Mafate : la canalisation des Orangers

Nous avons commencé notre journée par nous rendre au Run Market St-Paul Savannah pour garer la voiture sur le parking du centre commercial. Comme je le conseillais auparavant, ne laissez aucune affaire dans la voiture, car de nombreuses infractions surviennent. Puis, nous avons pris le bus 74 à l’arrêt Savanna à destination de Grand Contour S.Souci. Pour information ce bus ne circule pas chaque heure, cliquez ici pour les informations sur les horaires. Nous étions en avance d’une dizaine de minutes car bien qu’ayant des horaires officiels, ceux-ci ne sont que très rarement respectés. Le bus arriva avec une dizaine de minutes de retard, mais nous emmena sans problèmes au point de départ du célèbre sentier de la canalisation des Orangers.

En effet, il vous faut sortir à l’arrêt Citerne Rouge. Puis, quelques mètres plus loin vous apercevrez une citerne rouge qui est le point de départ identifié officiel de l’expédition. Avant d’atteindre le chemin à proprement parler de canalisation, il faudra compter environ une heure de montée sur soit des chemins bien balisés, soit au travers de la forêt. À ce moment précis, je me demandais dans quoi je m’embarquais puisque même avec mes bonnes chaussures de marche, le chemin étant souvent boueux et glissant, à la suite d’une intempérie dans la nuit, je me retrouvai plus souvent sur les genoux ou à quatre pattes pour grimper dans la forêt que pour le début de balade toute en douceur que la coloc de ma sœur nous avait promise. Je compris ainsi assez rapidement que mes vêtements allaient plus vite prendre une couleur sale que ce que je le prévoyais.

Mais soit, ce fut ainsi une montée graduelle qui nous amena à prendre notre mal en patience avant de découvrir la majestueuse ouverture sur Mafate, puisqu’un fois cette portion réussie, nous arrivâmes sur le sentier officiel de la canalisation des Orangers, qui serpente le long du rempart du cirque de Mafate.

Toute la violence des paroles d’être recouverte de boue à 8 heures du matin s’envola en découvrant la saisissante vue qui nous faisait face.

Puis, nous remarquâmes que la suite de la randonnée allait se faire relativement à plat, ce qui est plutôt rare pour les Hauts de la Réunion. C’est ainsi régénérées que nous avons entamé notre marche avec sur notre gauche un précipice impressionnant. Quelques jours auparavant, nous avions entrepris la marche du Cap Noir qui amène à un point de vue sur Mafate, et depuis la canalisation, nous pouvions voir très clairement le chemin que nous avions parcouru de l’autre côté du gouffre qui mène au cirque de Mafate.

Pendant deux bonnes heures, nous parcourûmes le sentier de la canalisation des Orangers avec comme but l’îlet des Lataniers pour acheter quelques boissons bien rafraichissantes, étant le seul village créole sur notre itinéraire. Ceci est également un point important, logique pour tout randonneur, mais bon à rappeler. Prenez plusieurs litres d’eau. Les températures, dépendant la période à laquelle vous êtes à la Réunion, peuvent être élevées, même dans le cirque. J’avais presque épuisé ma réserve de 2 litres d’eau en seulement quelques heures.

Ainsi, plus nous avancions sur le chemin de la canalisation des Orangers, plus les paysages se succédaient pour découvrir petit à petit l’atmosphère singulière et unique du cirque de Mafate et la nature réunionnaise. Nous pouvions de ce fait contempler comme dit auparavant le point de vue Cap Noir, la rivière des Galets que nous emprunterons par la suite et Dos d’Âne, notre point d’arrivée où le 4×4 nous attendra à 16h tapantes.

Au détour d’un virage, une nouvelle magnifique vue et ce, jusqu’à celle qui nous fit nous arrêter (nous ne voulions pas reprendre nos souffles sous 35 degrés sans ombre). Devant nous s’étendait le paysage reconnu de Mafate, vaste amphithéâtre naturel, ce cirque formé par d’imposantes montagnes. Au centre, des hameaux isolés se blottissant dans les vallées, tels des trésors rares perdus (et quand même vachement éloignés quand tu es à pied) au milieu de l’immensité de la nature.

Bien que la beauté des alentours me stupéfiait, je gardais toujours un œil sur le temps, étant déjà en « retard » selon les indications officielles des sites internet et de la coloc de ma sœur. Mais surtout, je me rendais gentiment compte que mes genoux allaient souffrir le martyr à la vue du dénivelé qui nous attendait pour rejoindre Dos d’Âne, situé au fond du précipice. Malgré la fatigue qui commençait ainsi à s’installer, nous étions déterminées à profiter de la beauté des paysages.

C’est dans ce genre de moment qu’on a l’impression d’être les témoins privilégiés d’un spectacle naturel rare et préservé du monde moderne. Naturellement on se reconnecte assez vite avec la civilisation, le chemin étant quand même bien emprunté par les randonnées. N’ayant pas le même objectif de randonnée que les autres randonneurs, nous savions toutefois que nous allions être plus tranquilles pour la suite de l’itinéraire, en quittant la canalisation des Orangers.

Car la canalisation des Orangers emmène les marcheurs à l’ilet des Orangers. Toutefois, celui-ci se trouvant excentré par rapport à notre itinéraire, nous déviâmes pour partir sur l’ilet des Lataniers et descendre sur la Rivière des Galets.

J’ai mentionné plusieurs fois le terme îlet et celui-ci désigne de modestes hameaux ou villages isolés, comprenant seulement quelques maisons. Ces enclaves sont habituellement localisées au sein des cirques de La Réunion, nichées sur des plateaux propices à la culture, permettant aux habitants de vivre de manière authentique et presque en autarcie. Je dis bien presque parce que de nombreux hélicoptères amènent des vivres, des médicaments, etc depuis Saint-Denis ou d’autres villes de l’île. Les conditions de vie ne sont pas toujours faciles dans ces hameaux, et certaines problématiques peuvent émerger (lien d’un petit reportage konbini). La plupart des habitants vivent du tourisme et des recettes engrangées dans les B&Bs et petits locaux de restauration.

En effet, par exemple, à l’îlet des Lataniers, plusieurs B&B accueillent les randonneurs mais également un camping. Pour nous, ce fut l’occasion d’acheter un bon soda bien frais et sucré pour nous donner de la force et pique-niquer, avant d’entreprendre la (douloureuse) descente vers la Rivière des Galets et le chemin du retour vers Dos d’Âne.

On ne va pas se mentir, cette partie de la randonnée fut, presque, un cauchemar, mes genoux décidant de ne plus coopérer, alors que je voyais ma sœur crapahuter sur ces deux genoux en forme, tel un cabri survolant le dénivelé et moi me trainant à peine pour survivre jusqu’à la fin. Chaque pas devenait un défi. Les heures de marche commençaient à se faire ressentir dans nos corps endoloris et nos muscles criaient leur mécontentement, mais je me sentais libre, perdue au milieu de la nature réunionnaise.

Arrivées dans la vallée, nous découvrîmes qu’il nous faudrait plusieurs fois traverser la Rivière des Galets, le chemin n’étant manifestement peu coopératif (comme mes genoux).

Ayant un charme au début, presque étant une aventure dans l’aventure que nous vivions, nous en eûmes au bout de quelques traversées bien marre de marcher les pieds mouillés dans nos chaussures de marche. À ce moment, je rêvais de mes tongs qui m’attendaient sagement à la maison. Ainsi, si vous avez de la place dans votre sac, prenez avec vous des tongs ! Le chemin peut être escarpé (quand il n’est pas dans l’eau), mais vous êtes à plat, donc les chaussures de marche sont moins conseillées.

Il nous fallut en définitive quelques heures pour rejoindre le point de départ des 4×4, où attendaient déjà de nombreux randonneurs. Nous avions réservé la veille par téléphone chez Alain Legros, ce qui nous assurait de toute manière deux places à l’arrière du 4×4. Vous trouverez ici un guide actualisé des prestataires qui proposent ce service.

Ce fut super fun de finir notre randonnée de cette manière, soit de prendre le 4×4 debout à l’arrière, cheveux aux vents. Franchement, ne vous embêtez pas à randonner encore les 19 km (!!!!!!) qui restent pour rejoindre la civilisation, réservez un 4×4. Les prix ont, parait-il, augmenté depuis notre passage à l’automne 2022 (nous avions payé chacune 10 euros). Il faut compter aujourd’hui environ 15 euros le trajet.

Nos parents nous attendaient au point d’arrivée, afin de nous ramener en voiture au Run Market de Savannah pour récupérer celle de ma sœur.

Après une journée si intense en effort mais également en aventure, je vous propose de vous diriger vers un lieu assez touristique mais réconfortant, au bord de l’océan, pour décompresser mais surtout profiter d’un bon décrassage dans l’océan et dans un restaurant à Boucan Canot.

Alternatives pour découvrir Mafate

Plusieurs alternatives s’offrent à vous si vous souhaitez découvrir autrement Mafate. Je vous parlerai prochainement de deux que j’ai expérimenté, soit le lever de soleil au Piton Maïdo ainsi que la randonnée du Cap Noir.

Mafate peut également être rejoint par le cirque voisin de Salazie en passant par le col des Bœufs ou par celui de Cilaos en traversant le col du Taibit.

Naturellement, vous pouvez également venir en 4×4 jusqu’à Dos d’âne, puis partir à pied par la Rivière des Galets en faisant le chemin inverse que celui emprunté avec ma sœur.

Résumé des conseils dispersés dans l’article

Avant de vous lancer, voici une série de points à prendre en compte pour vos excursions dans la région de Mafate :

  • Si l’intention de passer la nuit à Mafate vous anime, pensez à réserver un hébergement suffisamment tôt, car les places sont souvent limitées. De plus, ne laissez pas de côté la nécessité de retirer de l’argent en espèces, car il n’y a pas de distributeur sur place, et certaines boutiks ou hébergements n’acceptent pas les cartes bancaires.
  • Emportez une quantité conséquente d’eau, car les sentiers sont en plein soleil et les rayons peuvent être ardents !
  • N’oubliez pas d’emporter de la crème solaire ainsi qu’un chapeau ou une casquette pour vous protéger.
  • Soyez vigilant quant à la météo ; même si le matin se déroule sous un soleil éclatant, une averse peut survenir rapidement. Songez à prendre un coupe vent et une couverture protectrice pour votre sac. Envisagez d’emporter également un pull et un t-shirt de rechange. N’omettez pas d’emporter des tongs, elles peuvent être utiles dans la Rivière des Galets.
  • Naturellement prévoyez des chaussures de marches.
  • Assurez-vous que votre téléphone soit correctement chargé avant le départ et téléchargez la carte de Mafate ou de la randonnée que vous faites (utilisez randopitons.re, la bible de la randonnée sur l’île de la Réunion par exemple) car la plupart du temps, vous n’aurez pas de réseau.

Mafate, tel le bel aperçu de la Réunion qu’il propose, n’était pas seulement un cirque reculé du monde, mais une invitation à se perdre dans la nature réunionnaise ! Alors ? Prêt(e) à relever ce challenge ?

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Comments (2)

  1. Magnifique randonnée, qui m’a l’air bien éprouvante! Je me rends à la Réunion en 2024, je vais définitivement suivre ton tracé, ça a l’air trop beau!!