Mon voyage égyptien a continué vers Louxor, une ville qui est, pour moi, le véritable cœur de l’Égypte antique.
Je vous expliquais dans cette brève introduction sur Louxor, la dualité symbolique de la ville, entre ouest/est et entre mort/vie. À l’est, place à la lumière, à la vie et aux rituels. Mais aujourd’hui, on s’attaque à la rive ouest, le côté sombre, là où se mêlent mystères et éternité… la fameuse « rive de la mort ».
La Vallée des Reines : À la découverte des grandes dames de l’Égypte
Notre aventure du jour débute à la Vallée des Reines. Franchement, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Les manuels d’histoire ne parlent pas souvent de cet endroit, et c’est bien dommage, tant de grandes femmes y reposaient. Ayant réservé la journée entière pour explorer cette mystérieuse rive de la mort, on a pu prendre le temps de visiter trois tombes de reines. Lesquelles ? J’ai beau me creuser la cervelle, je ne m’en souviens pas.
Notre guide, une passionnée certifiée en égyptologie (et croyez-moi, c’est crucial d’avoir quelqu’un comme elle pour vous accompagner, je vous en parle d’ailleurs ici), nous a fait voyager dans le passé en nous racontant la vie fascinante de ces femmes plus puissantes qu’on aurait pu le croire. Malheureusement, les guides n’ont pas le droit de nous suivre dans les tombes, alors il fallait se laisser porter par notre imagination. Imaginez un lieu paisible, caché entre les collines de Louxor, baigné dans une atmosphère presque irréelle. Tôt le matin, c’est d’un calme absolu… idéal pour le repos éternel de ces reines et concubines des pharaons.



Avec environ 90 tombes, la Vallée des Reines est un véritable trésor caché. Certaines sépultures sont de vrais chefs-d’œuvre, et découvrir ces fresques colorées ne fait qu’augmenter l’excitation pour ce qui nous attend ensuite à la Vallée des Rois. La tombe de Néfertari, la grande épouse royale de Ramsès II, est l’une des plus belles, une véritable légende. Malheureusement, elle était en rénovation lors de notre visite. Alors, on a décidé de ne pas payer l’extra pour la voir si elle n’était pas sous son meilleur jour… mais un jour, je reviendrai rien que pour elle !
Nous avons donc exploré trois autres tombes. Les fresques étaient incroyablement bien conservées, les couleurs semblaient avoir défié les siècles. À chaque tombe, j’avais l’impression de franchir une porte vers un passé mystérieux, où ces femmes jouaient un rôle bien plus grand que ce qu’on imagine.




Et puis, voilà, je vais vous confier quelque chose. Certains y croient, d’autres non, mais moi, l’Égypte antique m’a toujours fascinée. Après quelques séances de kinésiologie, j’ai appris que, dans une vie antérieure, j’aurais été… une femme d’intrigue dans cette ancienne Égypte. Je n’ai pas tous les détails, et je ne cherche pas à en savoir plus, mais j’ai ressenti, au fond de moi, en me promenant entre les pyramides et ici, à Louxor, une étrange familiarité. Comme si ces lieux ne m’étaient pas tout à fait étrangers. Alors, qui sait… peut-être que je connais quelqu’un enterrée dans cette fameuse Vallée ?
La Vallée des Rois : lieux des grands pharaons
Ensuite, direction la légendaire Vallée des Rois.
Nichée sur la rive ouest du Nil, la Vallée des Rois abrite environ 65 tombes découvertes à ce jour, numérotées de KV1 à KV65 (KV pour King’s Valley). Ce site sacré fut choisi par les pharaons du Nouvel Empire pour y cacher leurs sépultures et ainsi échapper aux pillages. Contrairement aux pyramides, ces tombes étaient directement creusées dans la roche, offrant un sanctuaire plus discret, tout en étant magnifiquement décoré.
L’architecture de ces tombeaux suit un schéma précis : un couloir descendant mène à une ou plusieurs chambres funéraires, dont les parois sont ornées de fresques et de hiéroglyphes retraçant le voyage du défunt vers l’au-delà. Ces scènes mythologiques illustrent le passage du pharaon dans le monde des dieux, son jugement et son accession à l’éternité, sous la protection d’Osiris et de Rê.
Pour information, le Nouvel Empire de l’Égypte antique s’étend de -1550 à -1070 av. J.-C. environ. C’est l’une des périodes les plus prospères et puissantes de l’histoire égyptienne, marquée par des conquêtes militaires, des avancées culturelles et artistiques, ainsi que la construction de nombreux temples et monuments.
On dénombre les grandes dynasties suivantes sous l’ère du Nouvel Empire :
- XVIIIe dynastie (~1550-1295 av. J.-C.) : Apogée de l’Égypte avec des pharaons comme Ahmôsis Ier, Hatshepsout, Thoutmôsis III, Aménophis III, et Toutankhamon.
- XIXe dynastie (~1295-1186 av. J.-C.) : Règne de Ramsès II, un des plus grands souverains égyptiens.
- XXe dynastie (~1186-1070 av. J.-C.) : Déclin progressif avec Ramsès III, avant la fragmentation de l’empire.
À l’entrée, nous nous dirigeons vers le bâtiment principal, où nous achetons notre billet d’entrée (le prix change souvent, n’étant, par exemple, pas le même que celui inscrit dans notre guide du Routard). Celui-ci nous permet de visiter trois tombes ouvertes au public, qui changent régulièrement. Les autorités appliquent un système de rotation pour préserver ces trésors millénaires du tourisme de masse.
Si nous souhaitions visiter certaines tombes mythiques, un supplément était requis – notamment celle de Toutankhamon, qui ne présente que peu d’intérêt, mieux vaut admirer les artefacts au musée du Caire. En revanche, la tombe de Ramsès VI, avec ses magnifiques fresques, ou celle de Séthi Ier, la plus spectaculaire mais aussi la plus coûteuse (environ 60 euros), valent largement le détour.
Nous avons donc visité 3 tombes et fait l’acquisition d’un supplément pour celle de Ramsès VI. Notre visite du jour allait concerner que des Ramsès.
Dès que nous passons le Visitor Center, le paysage est saisissant : un immense désert de pierre ocre, entouré de falaises. Pas de temples majestueux ni d’obélisques ici, juste des ouvertures discrètes creusées dans la montagne. Difficile d’imaginer que sous mes pieds se cachent les tombes des plus grands rois d’Égypte !
Pour éviter une longue marche sous le soleil, nous empruntons le petit train (quelques livres égyptiennes en supplément) qui relie la billetterie aux tombeaux, et où notre guide commence ses premières explications. En effet, tout comme pour la Vallée des Reines, notre guide ne pouvait pas nous suivre à l’intérieur des tombes. Les explications avaient lieu donc en dehors avant de s’immerger dans ces sépultures aux murs couverts de sculptures et de peintures éclatantes.
La tombe KV2, dédiée à Ramsès IV, est la première que nous visitons. C’est également l’une des plus vastes et accessibles de la Vallée des Rois. Construit rapidement en raison du court règne du pharaon (1155-1149 av. J.-C.), ce tombeau impressionne par son long couloir décoré de hiéroglyphes et de fresques éclatantes, illustrant le voyage du roi dans l’au-delà.




Parmi les œuvres remarquables, on trouve des extraits du Livre des Morts et une superbe représentation de la déesse Nout sur le plafond, symbolisant la renaissance du soleil. La chambre funéraire, située au bout de la galerie, abritait autrefois un énorme sarcophage en granit rouge, aujourd’hui vide.
La tombe KV2 fut visitée dès l’Antiquité, comme en témoignent des inscriptions laissées par des voyageurs gréco-romains. Grâce à son excellente conservation, elle reste l’une des tombes les plus spectaculaires à explorer dans la Vallée des Rois. Facile d’accès et richement ornée, elle offre un aperçu fascinant des croyances et des rituels funéraires de l’époque ramesside.


Puis, nous nous sommes dirigées vers un autre Ramsès, même le premier de tous, la tombe KV16, appartenant à Ramsès Ier. C’est l’une des plus petites de la Vallée des Rois, mais elle se distingue par la richesse de ses décorations. Ramsès Ier, fondateur de la XIXᵉ dynastie, n’ayant régné qu’un an (1292-1290 av. J.-C.), sa sépulture fut creusée rapidement. Son architecture est simple : un couloir en pente menant directement à une chambre funéraire unique, ornée de fresques aux couleurs éclatantes représentant le pharaon face aux dieux, notamment Osiris, Anubis et Ptah.
Bien que modeste, KV16 impressionne par ses hiéroglyphes détaillés et ses peintures bien conservées, avec des teintes de rouge et de bleu particulièrement vives. Le sarcophage en granit rouge du pharaon repose encore dans la tombe, bien que sa momie ait été déplacée plus tard. Aujourd’hui, cette tombe offre un aperçu fascinant des débuts de la XIXᵉ dynastie, marquant la transition entre les styles artistiques du Nouvel Empire.





Finalement, nous avons pris la direction de la tombe la plus impressionnante que nous ayons visitées, et qui, même un an plus tard, continue de me fasciner profondément et à éveiller l’archéologue en moi.


En rédigeant ces lignes, je me remémore avec émerveillement ma découverte de ces trésors cachés pour la première fois, de chaque détail, chaque couleur et donc de la sensation d’émerveillement qui m’a envahie lors de la visite. Ce fut un instant magique, un souvenir gravé dans ma mémoire. Voici donc la présentation de cette tombe, la KV9, partagée par Ramsès V et Ramsès VI.




D’abord construite pour Ramsès V (1149-1145 av. J.-C.), elle fut ensuite réutilisée et agrandie par son successeur Ramsès VI (1145-1137 av. J.-C.). Son long couloir en pente, richement décoré, mène à une vaste chambre funéraire où l’on peut admirer des textes sacrés comme le Livre des Portes et le Livre des Cavernes, décrivant le voyage du pharaon dans l’au-delà. Le plafond de la chambre funéraire est particulièrement remarquable, avec une immense représentation de la déesse Nout, symbolisant le cycle du soleil et la renaissance.
Le Temple de Hatchepsout : à la découverte de la reine qui défiait les conventions
Après avoir exploré les deux Vallées, l’avant-dernière étape de notre journée nous a conduites vers un lieu à la fois sacré et profondément lié à mon histoire personnelle avec l’Égypte antique. Vous l’aurez compris, étant petite, je rêvais de devenir égyptologue. Et si vous avez suivi mes récits de voyage, vous savez aussi que je suis une passionnée des figures féminines historiques, en particulier celles qui ont su déjouer les machinations masculines.

Hatchepsout. Rien que son nom, certes difficile à prononcer, éveille uen grande force. Hatchepsout est l’une des figures les plus fascinantes et audacieuses de l’histoire de l’Égypte antique. Fille de Thoutmôsis Ier, elle devient reine, puis pharaon, usurpant un rôle traditionnellement réservé aux hommes.
Elle a su marquer son époque par sa sagesse, son charisme et son habileté politique, consolidant son pouvoir dans un monde dominé par les hommes. En tant que pharaon, elle a supervisé des projets monumentaux, dont le célèbre temple de Deir el-Bahari, tout en menant une politique de paix et de prospérité. Hatchepsout a défié les attentes de son temps, prouvant que la force et l’intelligence n’ont pas de genre, et ce, bien que déguisée en homme avec barbe postiche. Pionnière de l’émancipation féminine.
Le temple de Dei el-Bahari, à la fois majestueux et mystérieux, semble être un pont entre le passé et le présent. Le temple, tel un mirage architectural, se dresse devant nous avec sa silhouette imposante, ses terrasses superposées, et ses colonnes élégantes qui semblent défier le temps et s’intègre harmonieusement au paysage.


L’ascension se fait par des rampes qui serpentent entre des rochers jaunes et blancs, mais l’objectif n’est pas simplement de grimper, c’est de s’imprégner de la grandeur de l’endroit. Chaque marche franchie nous rapproche un peu plus de ce chef-d’œuvre construit par une femme audacieuse, Hatchepsout, qui, malgré les normes de son époque, est parvenue à s’imposer comme pharaon.



Au fur et à mesure de notre exploration, nous sommes émerveillées par les reliefs qui ornent les murs du temple, racontant l’histoire de la souveraine. Les scènes montrent Hatchepsout, non pas comme une simple reine, mais comme un pharaon à part entière. Sur l’un des bas-reliefs, elle est représentée avec la barbe royale, symbole de son autorité, marchant avec dignité et grandeur. Ces images, loin de l’idéalisme, témoignent de la réalité de son pouvoir. À travers ces représentations, Hatchepsout semble défier son époque, en prouvant que la féminité n’était pas une barrière à la grandeur.


En nous aventurant plus loin, les détails architecturaux nous surprennent encore. Les colonnes de la cour supérieure, ornementées de motifs floraux, symboles de fertilité, contrastent de manière frappante avec l’austérité de la montagne environnante. Les jardins suspendus, bien qu’évoqués uniquement dans les reliefs, semblent prendre vie dans l’imaginaire, nous offrant un aperçu de ce qu’a pu être ce lieu grandiose à son apogée.
Et puis, il y a cette sensation, presque palpable, que ce temple fut construit non seulement pour honorer les dieux, mais aussi pour immortaliser la mémoire d’une femme qui a su marquer l’histoire de l’Égypte. Le vent soufflant doucement entre les colonnes semble murmurer les secrets de Hatchepsout, nous rappelant à chaque instant qu’elle, une femme dans un monde d’hommes, a laissé une empreinte indélébile.


À la fin de la visite, le temple s’efface lentement derrière nous, mais son empreinte, elle, reste gravée. Hatchepsout n’est plus là, mais dans ce lieu, elle demeure, éternelle et majestueuse, prête à défier le temps une fois encore.
Dernière étape : les deux Colosses de Memnon, gardiens éternels
Seul arrêt gratuit, nous terminons notre exploration de la rive ouest par s’approcher de ces deux grandes statues qui nous narguent à chaque trajet en voiture mais dont nous n’en connaissons pas l’origine.
Bien qu’aujourd’hui érodés par le temps et les intempéries, ces deux géants de 18 mètres de haut furent autrefois les gardiens de l’entrée du temple mortuaire d’Amenhotep III. Leur silhouette imposante est d’une puissance assez inébranlable, défiant les siècles et le vent du désert.


Ces statues, réalisées dans un grès robuste, représentent le pharaon Amenhotep III dans une posture solennelle et méditative, mais l’histoire les a transformées en symboles d’un mystère encore plus grand. Car ces géants, malgré leur taille imposante, sont liés à une légende particulière : celle des sons étranges qu’ils produisaient à l’aube, un bruit semblable à un cri, qui, selon la tradition, était censé être le pharaon lui-même s’adressant aux dieux.
Ce phénomène mystérieux, bien qu’expliqué aujourd’hui par des phénomènes naturels liés aux changements de température et à l’humidité, a alimenté pendant des siècles l’imaginaire des voyageurs et des habitants locaux.
Je me souviens qu’en observant ces statues silencieuses, c’était comme si elles criaient autour de moi la grandeur et la majesté du passé égyptien. Le temps défile, emportant avec lui la gloire de l’Égypte antique, mais les Colosses demeurent là, immobiles, portant les échos d’une époque glorieuse, nous rappelant que certaines choses, même après des millénaires, échappent à l’érosion du temps.